Vue depuis le sommet de l'Island Peak

Vue depuis le sommet de l'Island Peak
Du Chamlang à l'Ama Dablam

jeudi 16 octobre 2008

Deux hommes et une montagne



Après 3 jours de trekking express (photos ici :
http://picasaweb.google.com/thomas.mirman/ATraversLeLangtang#), passant de 1200 mètres a quasiment 5000 mètres, nous voila confrontes, seuls, au Naya Kanga.


Cette ascension nous a marqués car plusieurs ingrédients se sont mêlés dans notre aventure : l'hésitation, l'appréhension, la solitude, l'excitation...

L'hésitation tout d'abord. L'hésitation des notre arrivée au pied de la montagne. Plusieurs options de camps de base s'offrent a nous. La journée a été longue et nous décidons de prendre le risque de nous installer assez bas dans la montagne, afin d'éviter le froid et l'épaisseur de neige de ce qui nous parait être le camp habituel. Nos deux amis Nepalais, qui nous ont aidés a monter le matériel peuvent redescendre ainsi plus vite, 1100 mètres plus bas, dans le village de Kianchi. Ils seront de retour dans deux jours. Deux jours pour découvrir cette montagne plus en détail, deux jours pour réussir notre petit défi de réaliser cette ascension express.

L'hésitation toujours des la première nuit : la nuit est d'une clarté rare a minuit, le spectacle somptueux. Nous sommes a deux doigts de nous décider. La raison l'emporte, utilisons la journée pour réunir un maximum de force et reconnaître la voie.

L'appréhension ensuite. Le réveil est matinal, le petit déjeuner léger et nous nous engageons jusqu'à 5100 mètres pour reconnaître la voie et évaluer la stabilité de l'épais manteau neigeux. Le soleil est présent, la chaleur écrasante, ma condition physique censée être si bonne est remise en cause. Retour au camp et après-midi consacrée a une observation a la jumelle des différents passages possibles. A 16h, nous sortons le matériel et vérifions les derniers détails. A 18h, nous préparons un succulent dîner. A 19h, nous nous couvrons un maximum pour affronter le froid de canard et profiter de nos quelques heures de sommeil. Nous doutons de notre capacité a arriver au sommet, mais nous sommes confiants sur l'évaluation des risques.

1h du matin, l'excitation! Le temps est a nouveau claire. La quasi pleine lune donne un aspect lunaire a notre traversée jusqu'au glacier a 5200 mètres. Les reflets sur les parois qui nous entourent nous envoûtent. La lampe frontale de Thomas lâche, mais nous y voyons suffisamment pour ne pas faire demi-tour. L'excitation se remplace petit a petit par une grande concentration. Les pensées motivées de la première heure de marche sont remplacees par des analyses permanentes des terrains traverses. Le mixte pierre neige se passe sans encombres. Le glacier crevasse est parcouru a la vitesse que nous avions prévu. On est encore bien physiquement en arrivant au pied des 3 murs de neige qui nous attendent. Il est 4h15. La neige est encore dure et on se lance avec grande confiance sur la première paroi a 35-40 degrés. 1 heure plus tard, on a arrête de penser. La leçon d'humilité commence. Les mouvements se ralentissent a mesure que la neige mollit et que la pente se raidit. 5h45, les premières lumières oranges apparaissent au loin et nous donnent un peu de courage. Comme réveillés par ce spectacle magnifique, nous échangeons (enfin) quelques mots : Thomas, encordé 10 mètres en dessous de moi, me précise avec délicatesse que ma lampe frontale n'est plus de la première utilité. Ce sera l'essentiel de notre échange riche. Avec le temps, et dans ce type de contexte, nous commençons a développer des moyens alternatifs de communication.

6h15, l'épuisement. Tom prend le relais et passe devant alors que la neige devient complètement poudreuse et évidemment non tracée. Nous avons l'impression de piétiner. Thomas se fixe des objectifs de plus en plus petits tous les 30 mètres, je me mets a parler tout seul me reprochant avec plus ou moins de vulgarité mon incapacité chronique a dompter cette neige. Heureusement, Thomas ne prend pas pour lui les cris que je pousse et notre duo se sert les coudes dans ces moments difficiles. Épuisés, on se retrouve a 50 mètres du sommet. Ce dernier mur a 45 degres nous parait un temps infranchissable.



8h15, 5800 mètres, la délivrance. Au mental on se hisse jusqu'à la cime terminale. Pensant aboutir sur un petit plateau, on découvre une pente vertigineuse de l'autre cotes! A cheval sur la cime, on décide évidemment de ne pas aller plus loin, la corniche de 20-30 mètres derrière nous est suicidaire. Le spectacle sur la région du Langtang est notre petite récompense. Nous tentons de profiter de ce sentiment enivrant, mais rapidement la conscience de la descente nous rattrape et nous décidons d'entamer le retour avant que le soleil ne chauffe trop.



La descente en poudreuse est un régal, rapidement nous rejoignons notre petit glacier. Le contre-coup de l'effort commence a se faire ressentir, le pied est moins assure et les pensées moins sous contrôle. La traversee du glacier nous parait durer une éternité, mais nous sortons des zones a risque sans encombres.

Nos deux porteurs nous ont rejoint a la tente, il est 11h30. On commence a réaliser. 4-5h de descente nous attendent encore jusqu'à Langtang. 14-15h de marche, c'est beaucoup pour nos organismes, mais nous nous remémorons notre ascension sur la descente, comme pour prolonger ces minutes furtives d'accomplissement personnel, cet instant pendant lequel un bonheur simple a pris le dessus sur tout le reste, ce moment pendant lequel nous nous sommes sentis seuls au monde...

Toutes les photos accompagnant le recit :
http://picasaweb.google.com/thomas.mirman/AscensionNayaKanga#

3 commentaires:

Anonyme a dit…

felicitations! Vsavez l'air ds avoir bien chié mais cela avait l'air d'être comoletement maboul!

Anonyme a dit…

felicitations! Vsavez l'air ds avoir bien chié mais cela avait l'air d'être comoletement maboul!

axelfromparis a dit…

Bravo les gars!
Un récit précis, qui fait rêver ;)
J'aurai voulu vous rejoindre pour les Annapurnas, mais malheureusement, le travail me garde à Paris!
Bonne route pour la suite, on vous suit de près! Et vive l'aligot!