Vue depuis le sommet de l'Island Peak

Vue depuis le sommet de l'Island Peak
Du Chamlang à l'Ama Dablam

samedi 6 décembre 2008

Folkore ou symbole ?


Le camp de base est situé à 5100 mètres d'altitude, le lieu est agréable car éloigné de la moraine. En revanche nous sommes exposés au vent. Le sommet est à peine visible, mais nous avons une vue spectaculaire sur l'arête sommitale de l'Himlung Himal. Arrivée en début d'après-midi nous nous approprions notre nouvel espace de vie. Paradoxalement, pourtant face à l'immensité, nous nous apprêtons à rester confiner dans quelques mètres carré. Pendant les 10-15 jours à venir, la tente dîner, la tente toilette et notre tente seront nos espaces de vie.

Le premier réveil est sous le signe d'un mauvais pressentiment de l'ensemble des membres de l'expédition. Un très léger tapis de nuages flottent ça et là dans ce ciel qui avait été jusqu'à présent d'un bleu éclatant. Le vent est tombé. Ce type de signes est en général annonciateur d'intempéries dans les 3-4 jours à venir. Nous étions venus braver le froid de Novembre pour profiter de la stabilité climatique : c'est un scénario pas envisagé jusqu'à présent qui se met à préoccuper nos esprits.

Début d'après-midi, les Népalais nous invitent à nouveau à quitter nos tourments pragmatiques et s'en remettre aux "Dieux des montagne". Un lama a fait le trajet jusqu'au camp de base pous s'adonner à la traditionnelle cérémonie sans laquelle les Sherpas refuseraient de nous accompagner lors de l'ascension. Les drapeaux à prière ont été installés au coeur du camp de base, tout notre matériel a été placé au centre de l'édifice. Avec le vent retombé, nous sommes étonnamment bien dehors. La lumière éclaire les visages heureux des Népalais. Le lama se met à faire retentir les premiers sons de sa cloche, des prières bouddhistes et leur ritournelle lancinante ne tardent pas à accompagner le son clair du petit instrument. Les visages sont désormais rieurs. Aucune gravité dans cette cérémonie. Le sacré est avant tout tradition, le symbole donne une image de folklore. Les blagues se mettent même à fuser. Des poignées de riz sont lancées. De la farine est étalée sur les visages et le tout se termine avec une gorgée de whisky qui semble faire partie du cérémonial.

Piolets et crampons bénis, on ne peut s'empêcher de retourner à nos préparatifs. Nous voulons monter au High Camp, à 5800 mètres dès le lendemain. Nous envisageons d'installer le camp 1 à 6100 mètres le jour d'après. Les choses sérieuses commencent, nous sommes sereins mais très consciencieux. Chaque repas en altitude est détaillé, les actes d'urgence répétés, le matériel contrôlé... Pour la première fois depuis Septembre, il m'est difficile de rester concentrer sur mon roman. Quelques minutes de téléphone avec les proches entre frustration et soulagement, puis tout le monde au lit...

Les photos :
http://picasaweb.google.com/guillaume.kretz/FolkloreOuSymbole#

Aucun commentaire: